Découvrir les métiers liés aux drones

Il existe de nombreux métiers autour des drones, de leur conception au traitement des images récoltées. Ce sont des postes, souvent très techniques, que l’on retrouve dans plusieurs domaines : l’aéronautique, l’aérospatial, les nanotechnologies (pour les capteurs sur les drones) et la programmation embarquée (pour étudier comment l’appareil réagit avec son environnement).

Les ingénieurs à l’origine du drone

Parmi les ingénieurs qui participent à la construction du drone, “il y a ceux qui développent le logiciel, d’autres qui sont électroniciens, les ingénieurs validation logiciel qui vérifient que tout fonctionne bien ou encore des ingénieurs spécialisés en traitement de l’image qui s’assurent également de la reconstruction de l’image à l’écran”, détaille Christophe Sausse, directeur des ressources humaines chez Parrot. Les spécialités des ingénieurs sont donc nombreuses.

Parmi les autres métiers essentiels autour des drones, figure bien sûr le pilote, ou “opérateur”. “C’est le premier métier auquel on pense”, souligne Florent Mainfroy, président d’Airinov. Si les vols sont souvent automatisés, le pilote doit cependant s’assurer que l’appareil ne fasse pas de dégâts et suive bien la trajectoire prévue. Pour pouvoir exercer, il faut réussir un examen théorique et pratique de l’aviation civile, le PPL (Private Pilot Licence), qui sert de base à tous les brevets de pilote (ULM…). Chez Airinov, spécialisé dans le drone agricole, les pilotes peuvent coordonner jusqu’à une trentaine de vols par jour. Ils sont mobilisés 4 mois par an seulement et sont payés à la mission.

Des pilotes réalisateurs dans l’audiovisuel

Dans certains domaines, les pilotes doivent exercer un second métier, notamment dans l’audiovisuel. C’est le cas de Sami Sarkis, photographe et cadreur-réalisateur, qui a créé Drone-Pictures. “On nous demande souvent de savoir aussi cadrer, car cela permet de faire des économies. Lorsqu’on fait appel à un binôme, le cadreur traduit en plan de vol ce qu’il désire pour le pilote, qui se contente de diriger l’appareil”, explique-t-il. Le pilote, en audiovisuel, doit donc avoir des connaissances techniques (traveling…) et le sens de l’image. Sami Sarkis met cependant en garde les étudiants qui voudraient se spécialiser dans le drone : “Il faut l’envisager comme un outil, pas comme une fin en soi, car il sera sûrement dépassé dans quelques années.”

La récolte des images

Une fois les données récoltées, c’est encore un autre intervenant qui se charge de les traiter et de les interpréter. “Le posttraitement est la dernière étape. Cela consiste à récupérer les images et à en extraire les bonnes informations pour le client. Un agriculteur aura besoin de savoir à quel endroit il doit ajouter de l’engrais ou de l’eau sur ses terres par exemple”, illustre Martin Benoni. Dans ce cas-là, on fait appel à un agronome.

À chaque métier son objectif

Les métiers de l’analyse varient selon les milieux d’application. AgricultureBTPaudiovisuel, zones à risques, inspection industrielle, développement durable… Les drones réalisent des prises de vue difficiles, que ce soit sur des chantiers ou en haute montagne.

Drone-Pictures

Les drones peuvent vérifier l’avancement d’un chantier ou ses zones à risques. // © Drone-Pictures

Le rendu espéré est aussi différent. Pour réaliser un film, on recherche de belles images. Pour établir des mesures dans un champ, la précision des données récoltées prévaut. Les agences immobilières utilisent également de plus en plus les drones pour obtenir des photos de qualité des biens qu’elles vendent. De leur côté, les agriculteurs font appel à Arvalis, Institut du végétal, pour les aider à mieux gérer leur exploitation. “Auparavant, nous utilisions les images de satellites, mais elles sont moins précises que celles des drones“, précise Benoît de Solan, ingénieur service systèmes d’information et méthodologies de cette association.

Connaître les drones mais aussi le secteur

“La candidature idéale d’un pilote est un profil polyvalent, débrouillard, créatif, avec un minimum de connaissances sur les drones mais aussi sur la production audiovisuelle”, affirme Olivier Deneuvis, dirigeant d’Aerofilms, spécialisée dans l’audiovisuel. “Nous ne recherchons par des cadors en aéronautique, mais plutôt des personnes qui connaissent un minimum le milieu agricole, même si c’est seulement par le biais d’un job d’été. Car le pilote est amené à échanger avec les agriculteurs”, complète Florent Mainfroy d’Airinov.

Connaître la législation en vigueur est aussi un “plus”, mais pas besoin de suivre une formation spécifique. “Il y a aussi souvent un aspect commercial dans ces métiers. À Sunbirds, on forme souvent le client à l’utilisation du drone. Et comme nous faisons quasiment l’essentiel de notre chiffre d’affaires à l’étranger, maîtriser plusieurs langues est essentiel”, souligne Martin Benoni.

Un pari risqué… en attendant l’essor du secteur

“Avec la réglementation encore en évolution, c’est un secteur contraint, un milieu très concurrentiel qui va trouver son essor, mais c’est encore un pari risqué aujourd’hui”, estime Olivier Deneuvis. Selon lui, “pour être sûr de trouver un débouché, il vaut mieux créer sa propre boîte, même si le marché arrive à saturation.” C’est ainsi que de jeunes ingénieurs ont créé Sunbirds et Blackfoot. “Nous avons transformé notre projet de fin d’études en start-up. Elle répond notamment aux demandes de grands groupes comme Bouygues ou Veolia pour créer des capteurs qui correspondent à leurs besoins”, illustre Pierre-Marie Laguet, diplômé d’Epitech et cofondateur de Blackfoot.

Aujourd’hui, plus de 3.000 opérateurs de drones sont sur le marché du travail. Si des postes sont à prendre, c’est plutôt du côté de la technique. Le leader français, Parrot, a lancé un plan de recrutement de 200 postes, principalement à destination des ingénieurs. Pourquoi pas vous ?